"La société israélienne a vécu le 7 octobre comme une petite Shoah" : Un an après, le patriarche latin de Jérusalem s’exprime
Un an jour pour jour après l’attentat du 7 octobre, organisé par le Hamas contre Israël, les commémorations se succèdent dans le pays. Dans un entretien réalisé deux jours plus tôt, le patriarche latin de Jérusalem est revenu sur cette date tragique et sur le rôle de l’Eglise dans ce conflit.
Dès 6h29 ce lundi, heure à laquelle l’attaque terroriste du Hamas a commencé le 7 octobre 2023, les familles des otages israéliens se sont recueillies aux côtés du président Isaac Herzog. Sur le site du massacre du festival Nova, où au moins 370 personnes ont été tuées, une minute de silence a été observée.
Deux jours avant le début des commémorations, le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, est revenu sur l’année de guerre écoulée dans un entretien accordé aux médias du Vatican.
"La société israélienne a vécu le 7 octobre comme une petite Shoah. Et pour la société palestinienne, la guerre à Gaza est une nouvelle Nakba" a déclaré le cardinal. Selon lui, l’attaque du Hamas a réouvert des blessures profondes et a enclenché la peur dans les deux camps.
"C'est de là qu'est née la violence, l'inhumanité dont nous avons été témoins cette année : le refus de reconnaître l'existence de l'autre pour préserver la sienne. On le voit déjà dans le langage utilisé, plein de violence, d'inhumanité, de méfiance."
"L'Église doit être avec ceux qui souffrent"
Le 16 mai dernier, accompagné du père Gabriel Romanelli, le patriarche était retourné au milieu des siens, après sept mois d’absence.
"Quand je suis entré à Gaza -et cela n'a pas été facile- j'ai trouvé une situation terrible, une ville détruite, où la présence de bâtiments démolis ne permet même pas de repérer les rues et donc de s'orienter."
Dans les conflits mondiaux, "l’Eglise ne peut pas être neutre" a affirmé le religieux. "Je ne peux pas aller dire à mes paroissiens de Gaza, qui sont sous les bombes, 'nous sommes neutres'" a-t-il ajouté.
Ainsi, "l’Eglise doit être avec ceux qui souffrent", sans participer à la confrontation entre les deux camps, rappelle le cardinal Pierbattista Pizzaballa.
"Je ne suis pas appelé à exprimer les positions des Palestiniens, encore moins celles des Israéliens. Je dois parler au nom de l'Église. Et la voix de l'Église a pour seul critère l'Évangile de Jésus-Christ. C'est de là qu'il faut partir et c'est toujours là qu'il faut arriver."
"D'un point de vue réaliste, la solution au conflit israélo-palestinien, qu'il s'agisse de 'deux peuples dans deux États', de 'deux nations dans un État' ou de toute autre solution imaginée, n'existe tout simplement pas" a conclu le patriarche. Selon lui, le conflit ne pourra se résoudre qu'avec "de nouveaux visages et de nouvelles perspectives".
"Nous avons besoin de nouveaux visages et de nouvelles perspectives. Il s'agit d'un problème non seulement pour ce pays, mais aussi pour l'ensemble du Proche-Orient, à commencer, après les récents événements, par le Liban. Nous devons repenser l'ensemble du contexte, et Jérusalem qui, je le répète, est au cœur du problème."
Mélanie Boukorras